L’intelligence a fait de l’humanité ce qu’elle est, mais seule la sagesse la sauvera.

L’humain est unique, il est animal et intelligent et le fait d’être les deux à la fois implique un paradoxe.

En principe, un animal est programmé biologiquement pour intégrer les faits naturels et se soumettre à leur rythme. Cet ordre biologique se manifeste dans les comportements héréditaires et innés des animaux. Les périples des oiseaux migrateurs en sont un exemple concret.

L’être intelligent et conscient, l’Humain, ne se soumet pas aux principes naturels. Il utilise sa capacité de raisonnement pour optimiser ses acquis, ses rapports sociaux et ses conquêtes sous toutes leurs formes. L’intelligence impose un rythme de bouleversements plus rapide que celui des évolutions naturelles. Ce rythme perturbe largement l’ordre global naturel, qui lui évolue plus doucement, au rythme des mutations et des adaptations plus étalées dans le temps.

C’est en ce sens qu’il existe un paradoxe chez l’humain. Un paradoxe complexe à appréhender car l’intelligence et la conscience sont justement les facultés biologiques héréditaires qui font la spécificité de l’Humain. L’intelligence et la conscience de soi, sont des dons de la nature et ils sont en même temps contre nature.

Un équilibre entre l’ordre naturel et l’intelligence, même fragile, est possible malgré tout. C’est ce qu’on appelle vraisemblablement la sagesse. La sagesse est la capacité de réflexion que nous développons pour penser et agir de manière raisonnée, morale et responsable.

La nature est en perpétuelle adaptation pour réguler les déséquilibres :  La symbiose, qui assure la survie de l’ensemble, impose l’équilibre parfait des rapports de toutes les composantes de l’écosystème. C’est Le rythme naturel et l’ordre biologique qui permet le temps pour créer l’équilibre. L’utopie serait que l’humain accepte et adhère à ce rythme ou du moins de minimiser au mieux les bouleversements qu’il  cause. La sagesse voudrait que l’intelligence se mette au rythme de la nature, non pour sauver la nature, son équilibre se fait sans nous, mais pour préserver l’Humain dans ce grand écosystème.

La puissance de l’humain, son intelligence, est sa principale fragilité. Il doit savoir la modérer et en maîtriser les vices.

Jusqu’à présent, nous pensions traverser des cycles ou des vagues et souvent ce sont les plus vulnérables qui en paient le prix, de par leur niveau social, leurs lieux de vie ou leurs conditions sanitaires. Mais à la lecture de l’histoire humaine, de notre évolution et des crises que nous traversons, il est bien possible qu’une issue dramatique et fatale s’attaque à l’ensemble.

Ce n’est peut-être pas la dernière chance, mais nous avons aujourd’hui une belle opportunité, universelle et vertueuse, de faire de notre intelligence une sagesse au service de l’humanité.

Pour cela, deux premiers grands pas sont nécessaires, un grand saut : Équilibrer les inégalités sociales pour forger un collectif humain (fait de sous-ensembles vertueusement complémentaires) et refondre les systèmes éducatifs pour assagir, au sens moral du terme, les individus.

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Mont Tianmen – Chine – Août 2019