La faim mère des révolutions …

Malgré la liberté affichée dans tant de pays, il est illusoire de croire en une démocratie absolue. Les révolutions que vit le monde depuis toujours et surtout de nos jours sont porteuses d’un certain nombre de revendications, légitimes, ambitieuses, honnêtes, mais souvent utopiques. Construire une société qui satisfait l’ensemble d’un peuple est une volonté affichée mais dans le fond, ce n’est pas toujours la raison des révolutions. Il existe d’ailleurs des pays où la population vit sous des régimes autoritaires ou en tout cas jugés comme tel, se sous soulever, parfois sans même le subir comme une soumission.  Il ne s’agit pas ici de remettre en cause les expressions des peuples, ni de dédouaner les atteintes à leurs droits les plus légitimes, mais d’avoir une vision « réaliste » de la genèse ses révolutions et le soulèvement des peuples.

La situation de plusieurs pays dans le monde, surtout les plus dictatoriaux, démontre que la révolte du peuple n’est jamais déclenchée par un besoin de liberté et d’accomplissement de soi. Par exemple, beaucoup de pays riches ne sont pas sous un régime démocratique clair, ou subissent un certain nombre d’oppressions et pourtant un semblant de paix y règne, ne serait-ce que parce que les richesses sont en partie redistribuées (aussi petites soi-t-elles) : du moment qu’un peuple est nourri, le pouvoir s’assure d’une certaine manière sa soumission. Encore même, il y a un accès à la culture et les savoirs, essentiels leviers d’émancipation, pour un régime autoritaire, nourrir souvent suffit à contenir les aspirations d’un peuple.

La révolte trouve racine, au fond, dans un besoin naturel de survie et l’histoire l’a souvent confirmée. C’est essentiellement la nécessité d’assouvir deux besoins primaires, la faim et la soif. Cela peut paraître réducteur au vue des revendications citoyennes lors des révolutions, mais il faut dissocier ici le déclencheur de la révolte des revendications qui peuvent s’en suivre. Une fois engagé dans l’acte de révolte, les ambitions et les besoins d’un peuple sont plus larges que simplement couvrir l’élément déclencheur, à savoir boire et manger.

Maslow, décompose les besoins d’un être humain en 5 paliers successifs : La survie, la sécurité, la sociabilisation, l’estime et l’accomplissement. La survie est le besoin de base et surtout le besoin fondamental. Au fur et à mesure que des besoins sont couverts, les suivants apparaissent. Inversement, au fur et à mesure que l’oppression s’intensifie les acquis se perdent l’un après l’autre. La survie est dans ce sens un palier qui déclenche fatalement la révolution d’un peuple qui devient condamné à disparaître de faim.

Certes les révolutions sont porteuses de bon nombres de revendications, souvent très intellectuelles et sociales, mais le vrai élément déclencheur, c’est un peuple qui avait faim, un peuple qui pendant des années a accepté pas mal de concessions, a accepté une certaine oppression, a accepté de descendre les marches de la pyramide de Maslow mais n’a pas accepté de céder la dernière, n’a pas accepté de mourir de faim.

La faim a déclenchée la spirale de désengagement des peuples. La faim c’est le seuil de tolérance les peuples. La survie est ce dernier besoin que les peuples n’acceptent pas de céder. Hélas ! Il reste alors une dernière arme aux oppressants pour contenir les peuples : Devenir barbare. Les khmers rouges ont fait disparaître 2 millions de cambodgiens (30% de la population) en 4 ans, la moitié de faim  et l’autre par le génocide …